Lu pour vous sur le blog de Maëlle Auriol, un article qui fait état de l’évolution du financement de la « Culture » en évoquant les risques de dérive !
Longtemps éloignée des moeurs françaises, la pratique du mécénat connaît aujourd’hui un regain d’intérêt auprès des acteurs culturels et des responsables économiques.
«Tout le monde s’intéresse maintenant au mécénat» affirme Robert Fohr, chef de la mission du mécénat au ministère de la Culture et de la Communication. Les plaques de remerciement à l’égard de mécènes envahissent en effet les salles d’exposition et côtoient les oeuvres d’art plus ou moins célèbres comme les pires croûtes.
De la nouvelle jeunesse de la galerie des Glaces du château de Versailles financée par Vinci, à la restauration de l’hôtel de la Marine par Bouygues en passant par la rénovation de la Victoire de Samothrace et de son escalier monumental au musée du Louvre, les projets culturels sont de plus en plus nombreux à être subventionnés par les grandes entreprises. Ces collaborations participent à leur image et à leur réputation: en faisant un don, elles assurent une opération de communication. Un financement non négligeable pour les musées français qui voient les subventions publiques s’effriter un peu plus chaque année (-2,8% en 2013).
Pour répondre à cette nouvelle pratique, les grands musées nationaux développent tous des services chargés du mécénat mais de manière inégale. Le Louvre est particulièrement exemplaire avec près d’une vingtaine de personnes.
Si le mécénat a toujours existé, la loi Aillagon a permis à l’Etat de favoriser l’initiative privée par des mesures fiscales, multipliant ainsi par dix le nombre de dons depuis 2003.
Parallèlement à l’accroissement des investissements en provenance des entreprises, l’exonération fiscale a démocratisé ce parrainage. Le financement participatif est en effet en plein essor, notamment sur internet. Grands noms du CAC 40 ou pas, tout le monde peut devenir mécène dès le premier euro versé. Une aubaine pour les petites structures culturelles et le patrimoine français en péril. La loi s’inscrit dans la continuité des initiatives d’André Malraux, ministre de la Culture dans les années 60. Il aura l’idée de la création de la Fondation de France, qui collecte et redistribue des fonds pour soutenir des projets de mécénat. Sa volonté était «d’en finir avec une certaine tradition française d’un état omniprésent» précise Robert Fohr. En effet, l’Etat, garant de l’intérêt général, a longtemps conservé son monopole. Le mécénat n’était pas dans les moeurs de la société française contrairement aux Etats-Unis. Mais aujourd’hui plus que jamais, la grande nécessité de certains musées à compléter leurs sources de financements menace les choix artistiques. La dérive ne semble pas bien loin, même si, pour Robert Fohr, l’exigence des mécènes sur la politique culturelle des établissements demeure un «fantasme». «Je suis assez optimiste. Je pense que depuis la loi Aillagon, le pli est pris, le mécénat est entré dans la mentalité française» confie-t-il. Malgré certains chiffres très alarmistes, publiés il y a quelques années – une chute de 60% des dons en 2010 – le mécénat culturel a bien résisté à la crise. Dans ce domaine, les efforts de mécènes se diversifient vers des actions socio-culturelles, en faveur des jeunes et des populations en situation d’exclusion. De son côté, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, a récemment répété que l’ensemble du dispositif fiscal serait protégé pour les prochaines années. ■
Pour en savoir plus sur Maëlle Auriol, rendez vous sur son blog !