Lu pour vous sur Youphil, un article de Sylvaine Parriaux rapporteur de la Commission innovation sociale de l’Admical.
Si le mécénat au service de l’innovation sociale n’est pas nouveau en soi (l’exemple d’Unis-Cité qui a abouti à la création du service civique en est la preuve), le besoin de professionnalisation de cette pratique est un phénomène montant.
Deux raisons majeures à cela: le foisonnement d’idées d’acteurs de la société civile répondant à des « besoins de la société nouveaux ou mal satisfaits » d’une part; l’objectif d’améliorer l’efficacité du mécénat d’autre part. Qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’un philanthrope, le rôle du mécène est plus que jamais d’accompagner, favoriser l’expérimentation de solutions nouvelles dans un contexte de crise.
L’Admical a décidé fin 2012 de s’emparer de cette question avec ses adhérents pour aider à sa compréhension, éviter son instrumentalisation (l’innovation sociale étant une expression très à la mode) et favoriser son déploiement.
L’innovation sociale pour renforcer son action de mécène
L’année 2013 nous a permis de formaliser un texte fondateur, « les contributions des mécènes à l’innovation sociale », ainsi que des premières études de cas illustrant très concrètement « la valeur ajoutée » du mécénat. Ce travail de cadrage et d’analyse des pratiques a également permis de tirer des enseignements très riches.
L’innovation sociale n’est pas à considérer comme un nouveau domaine d’intervention mais comme une façon de renforcer son action en tant que mécène. On observe trois niveaux d’intégration dans la politique de mécénat. Dans le modèle le plus intégré, l’action est focalisée sur l’innovation sociale, considérée comme la colonne vertébrale de la politique de mécénat. La fondation Macif ou le fonds innovation AG2R La Mondiale en sont des exemples significatifs mais peu répandus.
À l’opposé, l’intégration se fait par une approche projet. Le mécène accompagne l’émergence d’une solution innovante avec un partenaire central. La fondation KPMG avec l’Adive, ou L’Occitane avec l’association Valentin Haüy illustrent ce modèle. Il s’applique également à des PME/TPE, où l’action sera en plus guidée par la volonté d’un ancrage territorial fort. Entre les deux, existe un niveau intermédiaire d’intégration. Les fondations Accenture, Crédit Coopératif, Vinci pour la Cité ou le fonds Entreprendre &+ ont choisi de positionner l’innovation sociale comme un de leurs axes stratégiques et l’affichent comme tel. Notons que le mécénat au service de l’innovation sociale est indépendant du caractère innovant ou non de la politique de mécénat.
Quatre caractéristiques à retenir
Ce mécénat est porteur d’un regard nouveau sur des enjeux sociaux difficiles (par exemple, la réinsertion sociale et professionnelle de sans-abri au de personnes ayant des handicaps mentaux). Il s’inscrit dans un temps plus long et accorde un véritable droit à l’erreur (ou à l’ajustement) à l’initiateur du projet. Enfin, le mécène de l’innovation sociale a la volonté d’aller au-delà de son soutien habituel, il s’investit véritablement pour aider à porter la solution auprès d’autres acteurs (entreprises, institutions, associations, pouvoirs publics…) et créer les conditions favorables à son déploiement. Se pose alors la question de l’interaction avec les politiques publiques.
La Commission Innovation sociale de l’Admical a deux grands objectifs pour 2014: élaborer un outil d’aide à la décision pour faciliter l’engagement des mécènes, et produire de nouvelles études de cas, entre autres pour illustrer la richesse des dynamiques multipartenariales (la démarche collective étant intrinsèque à l’innovation sociale).
L’Alliance des mécènes pour l’éducation créée à l’initiative de l’Admical, est très représentative sur ce point et sera un exemple traité. C’était une intuition de départ et nos travaux n’ont fait que le confirmer: le mécénat au service de l’innovation sociale apporte une valeur ajoutée spécifique et significative dans le développement d’innovations sociales. Encourageons-le!